upcycling, bien plus qu’un terme à la mode.


Littéralement, « upcycling » signifie « recycler par le haut ». L’objectif étant de valoriser des produits usagés en leur donnant une nouvelle vie plus qualitative. Le terme « upcycling » ne vient d’abord pas de la mode mais de l’architecture, au milieu des années 90.


Upcycling en architecture.

L’architecte d’intérieur allemand Reiner Pilz oppose ce qu’il appelle “downcycling” quand il évoque le recyclage traditionnel à l’upcycling pour dire que les produits qu’il utilise gagnent de la valeur plutôt qu’en perdent. La notion de “valeur ajoutée” est au cœur du processus.


Quelle différence avec le “recyclage” ?

Avec le recyclage, le produit recyclé aura une qualité moindre ou égale au produit d’origine. De plus, il implique un processus de transformation qui la plupart du temps inclut une dépense en énergie et en eau. Dans l’upcycling, on ne transforme pas chimiquement les objets.


l’upcycling dans le secteur de la mode.

Et bien là on va parler chaussettes. Et Martin MARGIELA.

À travers un style avant-gardiste fabuleusement novateur dès la création de sa maison de couture en 1988, Martin Margiela a marqué les esprits par une mode déconstructiviste réalisée dans l’anonymat. Toutefois, le créateur invisible a réussi à transcender les codes de la mode européenne notamment en étant pionnier en matière d’upcycling.

Avec un concept mêlant « recyclage » et « amélioration », il crée un pull chaussettes, à partir de 8 paires de chaussettes américaines trouvées dans un surplus militaire. Margiela étudie le placement des chaussettes afin que les talons correspondent aux parties rondes du buste : la poitrine, les coudes et les épaules.

Découvrez l’oeuvre sur le site du musée Galleria de Paris : https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/palais-galliera/oeuvres/pull-chaussettes#infos-principales

Néanmoins, ce processus de récupération surpasse artistiquement le simple concept d’upcycling. Le créateur établit davantage un processus de détournement insolite. Un dialogue entre le passé et le présent, où les traditions sont bousculées, son but étant de réinventer les codes, dans l’art de la rupture et du détournement, bien au delà du processus de transformation.

De surcroît, les coutures des vêtements sont régulièrement apparentes et les formes pas toujours symétriques, Martin Margiela est un fervent partisan d’une mode déconstructiviste.

C’est inspirant non ? Upgrader un vêtement abîmé ou abandonné pour lui offrir une allure plus forte, artistiquement engagée voire insolite, c’est l’objectif de AJAR. Donner une place majeure à l’upcycling dans le spectacle vivant.

Des créations qui dialoguent avec le vêtement d’origine de manière si intuitive que le résultat ne cherche pas à répondre aux codes mais au vêtement et son histoire, son origine, son usage. Ainsi on peut voir de l’asymétrie, des coutures d’assemblage apparentes, des patines et des traces du passé valorisées… Des costumes avec lesquels on compose, dont on voit les marques du temps, d’usage et de mode, sur des artistes avec lesquels on collabore, dont on admire les qualités de corps et les libertés d’expression.